Observatoire de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la culture et la communication 2019

Poursuivons notre revue des dernières publications de rapports sur les inégalités femmes-hommes en France et dans le monde. 

Chaque année depuis 2013, le Ministère de la culture publie son rapport « Observatoire de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la culture et la communication », l’occasion de mesurer les évolutions de la part des femmes dans le champ culturel et artistique.

La féminisation des professions culturelles progresse très lentement : elle est passé de 39 à 43% entre 1990 et 2017. Ces chiffres varient fortement selon les professions concernées : ainsi les professions des arts visuels et métiers d’arts ont connu des progressions bien plus fortes que pour les professions du spectacle qui ont même perdu 1 point.

Illustration d’un plafond de verre persistant, les femmes ne représentent qu’environ 30 % des emplois de direction (direction, ressources humaines, accès aux moyens). Si ces chiffres s’améliorent par rapport à 2013 (20%), ils restent donc inférieurs à la proportion de femmes dans le secteur.

Les postes de direction dans le spectacle vivant et les entreprises culturelles restent presque exclusivement masculins :

  • 12 % des scènes de musiques actuelles sont dirigées par une femme, une proportion qui n’a pas changé depuis 2013.
  • 1 seul établissement public national sur les 11 répertoriés est dirigé par une femme : le Centre national de la danse.
  • Les 100 plus grandes entreprises culturelles sont, neuf fois sur dix, dirigées par un homme. Ce rapport n’a presque pas évolué depuis 2014 et concerne l’ensemble des secteurs d’activités.

L’audiovisuel public fait figure de grande exception, avec 80% de femmes à la tête de ces entreprises, des statistiques à manier avec prudence puisque l’analyse porte sur 5 postes.

Les postes d’encadrement dans le secteur public sont soumis à la loi Sauvadet. Depuis le 1er janvier 2018, les primo-nominations doivent donc être de l’ordre de 40% pour chaque sexe. Cela a permis d’améliorer la présence des femmes dans les postes de direction du Ministère notamment, avec une part de femmes oscillant entre 25 et 45% selon le type de poste.

Sur le même principe, les lois incitant les entreprises publiques à atteindre 40% de personnes du sexe le moins représenté dans leurs conseils d’administration en 2017 ont porté leurs fruits : l’objectif a été atteint par l’ensemble des structures étudiées, où c’est plutôt la parité qui règne.

L’observatoire note également cette année une plus grande reconnaissance des femmes dans la littérature puisque 41% des lauréat.e.s de prix littéraires entre 2010 et 2018 étaient des femmes, contre 16% des albums primés aux Victoires de la musique et aucune au Molière du metteur en scène sur la même période. Des chiffres qui restent proches du milieu du cinéma ou l’on compte seulement 23% de réalisatrices, une part qui a peu progressé depuis 2009 (19%). Malgré un cadre juridique plus contraignant que par le passé, l’accès aux financements à la création et à la production culturelle reste plus complexe pour les femmes. 

La part des femmes parmi les artistes exposés dans les fonds régionaux d’art contemporain et les centres d’art est aujourd’hui respectivement de 31 et 33%.

Face à ces constats, la part des femmes présentes dans les médias reste nettement inférieure à celle des hommes : 39%, 36 % en 2016 selon le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA). Le nombre de femmes journalistes progresse mais elles restent moins présentes dans les postes à responsabilités.

Les progrès dans les métiers de la culture sont observables mais l’égalité entre les femems et les hommes à tous les niveaux n’est pas encore une réalité.

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Titulaire d’un diplôme en «Études sur le Genre» des Universités de Rennes 2 et de Bretagne Occidentale, Eléa est issue d’un parcours en coopération et solidarité internationale. Consultante-formatrice au sein du Groupe Egae, elle conçoit et anime des formations sur l’égalité femmes-hommes, la lutte contre les discriminations et le harcèlement sexuel au travail.