Violences contre les femmes : quel traitement médiatique ?

Quelques jours avant le 25 novembre, journée internationale pour l’élimination des violences contre les femmes, le collectif Prenons la Une soumettait une série d’outils aux journalistes, pour ne plus minimiser ces violences.

Créé en janvier 2014 avec la publication d’un manifeste, le collectif lutte contre les inégalités femmes – hommes dans les rédactions : peu d’expertes invitées dans les médias, clichés sexistes, plafond de verre auquel se heurtent les femmes journalistes… Fin novembre 2014, Prenons la Une s’était déjà élevée contre le traitement médiatique réservé aux violences contre les femmes. Le collectif y dénonçait notamment :

  • l’utilisation d’expression minimisant les violences (« crime passionnel », « drame familial », etc.)
  • le traitement des faits de violences, pourtant massifs, pourtant un véritable fait social, comme des faits isolés, des « faits divers »
  • le non rappel du numéro national d’écoute et d’informations, le 3919.

Chaque année, en France, 216 000 femmes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur ancien ou actuel partenaire intime. 84 000 subissent un viol ou une tentative de viol. Et pourtant, trop souvent dans la presse, ces violences sont réduites à l’état de fait divers, voire présentées de manière humoristique. Le Tumblr « Les mots tuent » compilent depuis quelques années des articles ou titres d’articles pour dénoncer ce traitement journalistique. Avec des exemples de ce type :

capture-decran-2016-11-28-12-25-58

En cette fin d’année 2016, le collectif a donc sorti une charte à destination des rédactions. La charte propose 11 recommandations, pour ne plus effacer la responsabilité de l’agresseur et minimiser les violences. Considérant que les journalistes ont une véritable responsabilité sociétale, Prenons la Une propose notamment :

  • de bannir « crime passionnel » ou « drame familial », pour privilégier « meurtre conjugal » ou « meurtre par le partenaire intime »
  • d’utiliser les mots justes : ne pas parler d’une « jeune fille importunée » quand il s’agit d’une agression sexuelle par exemple
  • contextualiser en rappelant qu’il ne s’agit pas de faits isolés (donner les chiffres des violences par exemple)
  • rappeler le numéro national, anonyme et gratuit d’écoute et d’orientation pour les femmes victimes de toutes formes de violences : le 3919.

Une dizaine de médias ont déjà signé. Parmi eux : France Télévisions et France Medias Monde, France info, France inter, Mediapart, L’Humanité, Elle, Causette, Libération, Les Nouvelles News, Alternatives économiques.

Retrouvez la charte en cliquant ici.