#AlerteExcision : la nouvelle campagne pour lutter contre l’excision

Il y a quelques semaines, en me baladant dans les rues parisiennes, je suis tombée sur une affiche qui m’a particulièrement interpellée. Particulièrement interpellée car c’est une affiche que nous n’avons pas l’habitude de voir. Il s’agissait d’une affiche de la campagne de prévention sur l’excision (une forme de mutilation sexuelle) lancée par l’association Excision parlons-en. On ne voit pas souvent ces affiches, que ce soit dans les institutions médicales, judiciaires, policières ou sociales et encore moins dans la rue, sous le verre d’un abribus.

Pourtant, l’excision, qui consiste à couper une partie du sexe d’une fille (le clitoris et une partie des petites ou grandes lèvres) est encore largement pratiquée dans le monde : 6 filles sont excisées chaque minute. 200 millions de jeunes filles et femmes vivent en ce moment avec des mutilations sexuelles. En France, on estime que 60 000 femmes adultes sont excisées. L’excision se pratique dans une trentaine de pays, comme cette carte nous le montre :

L’Afrique, le Moyen-Orient et plusieurs pays d’Asie sont les plus touchés par cette pratique.

La campagne d’Excision parlons-en a été lancée quelques mois avant les vacances d’été pour prévenir les adolescentes, premières destinataires de cette campagne. Le slogan « Tu pensais partir en vacances ? » a été choisi car les excisions sont souvent pratiquées durant les vacances d’été, dans certains pays d’origine des parents.

Les mutilations sexuelles ont pour objectif de supprimer le plaisir sexuel des femmes, et ont de très nombreuses conséquences sur la santé des filles :

  • immédiates : douleur intense, angoisse, stress, état de choc, saignements, hémorragie, mort, etc.
  • ultérieures : infections, tétanos, SIDA, fistules, difficultés lors de l’accouchement, etc.

Trop peu de professionnel.le.s de santé sont formé.e.s à ce sujet. Dans le cadre des formations sur les violences faites aux femmes que le groupe Egaé réalise, nous abordons la thématique des mutilations sexuelles afin de transmettre des informations sur ces violences souvent peu connues. Nous parlons également de l’infibulation, qui est une autre forme de mutilation sexuelle, consistant à couper une partie des grandes lèvres et à les coudre ensemble, après avoir excisée une fille.

A gauche, une vulve non mutilée. Au milieu, excision (ablation d’une partie plus ou moins importante du clitoris et des petites lèvres). A droite, infibulation (excision complétée par l’ablation des grandes lèvres dont les deux moignons sont suturés bord à bord).

En France, aujourd’hui, l’excision est punie et encadrée par la loi. Les responsables risquent 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amendes, 15 ans d’emprisonnement si la mutilation est commise sur un.e mineur.e et jusqu’à 20 ans si l’auteur.e est un.e ascendant.e. Les personnes responsables encourent jusqu’à 30 ans d’emprisonnement lorsque la mutilation a entraîné la mort. La loi française protège par ailleurs tous les enfants vivant sur son territoire, quelque soit leur nationalité.

Depuis plusieurs années, il est possible pour les femmes excisées d’avoir recourt à la chirurgie réparatrice permettant de reconstituer un clitoris.

Pour plus d’informations sur les mutilations sexuelles, consultez les sites internet d’Excisions parlons-en et du GAMS.

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Amélie Durin réalise son stage de fin d’études au sein du secrétariat général du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, en participant aux travaux des commissions santé, parité et violences faites aux femmes. Elle intègre le groupe Egaé en avril 2016. Elle est notamment chargée du site expertes.eu.