Quoi de moins discriminant qu’un concours ?
Publié en juin dernier et présenté le 12 septembre au Conseil commun de la fonction publique, le rapport de Yannick L’Horty est une bombe lâchée au milieu des 5,64 millions d’agent.e.s d’une Fonction publique qui se veut exemplaire (chiffres 2014). Il balaye en effet les idées reçues selon laquelle le concours, comme mode de recrutement de référence, serait une barrière efficace contre les discriminations.
D’abord, parce que le concours n’est plus le mode de recrutement de référence dans les trois Fonctions publiques : sur une moyenne de 500 000 recrutements annuels (tous types de contrats et toutes durées confondues), seul 1 sur 4 concerne un.e titulaire et ces dernier.e.s ne sont sélectionné.e.s par concours que dans 2 cas sur 3. Faites vos comptes : c’est 1 recrutement public sur 6 qui passe aujourd’hui par un concours.
Ensuite, parce que la réalité des discriminations est toujours plus complexe que ce que l’on veut bien en voir : le rapport met ainsi en avant que les discriminations sont avant tout fondées sur les stéréotypes que chacun.e est susceptible de porter. Ces « raccourcis cognitifs associant les caractéristiques des candidat.e.s à des aptitudes » entraînent ainsi des erreurs de jugement, puisqu’ils introduisent des éléments subjectifs incontrôlables et invisibles.
Des discriminations principalement liées à l’origine
Le rapport s’est appuyé sur des tests spécifiques réalisés entre octobre 2015 et avril 2016. Aucune différence de traitement n’apparaît dans la Fonction publique d’Etat, notamment dans les commissariats. En revanche, des discriminations ont été établies dans les établissements hospitaliers en matière d’accès à l’information sur le métier d’infirmier.ère entre une candidate française et une candidate au patronyme maghrébin.
Concernant l’accès à l’emploi, la Fonction publique hospitalière se distingue à nouveau par des discriminations fondées sur l’origine maghrébine ou la résidence dans un quartier de la politique de la ville, tout comme la Fonction publique territoriale.
Une préconisation : améliorer nos connaissances
Une seule préconisation vient conclure le rapport : il est nécessaire de continuer à améliorer notre connaissance des discriminations en systématisant l’analyse des données de concours de la Fonction publique et en la couplant de tests ponctuels. Pour cela, un outil unique et homogénéisé permettait de piloter le recueil et le traitement des informations et de faciliter la production d’analyses fiables.
Le 12 septembre, la ministre de la Fonction publique, Annick Girardin, a répondu favorablement à cette recommandation en promettant un rapport biennal sur la lutte contre les discriminations et la collecte systématique des données relatives aux candidat.e.s aux concours pour assurer un suivi.