La Haute Autorité de Santé publiait en juin dernier un document visant à aider les professionnel.le.s de santé à mieux détecter et accompagner les femmes victimes de violences au sein de leur couple. Le document de recommandations ainsi que le cadre méthodologique qui l’accompagne compilent un ensemble de notions clés et de bonnes pratiques ayant pour objectif de :
- renforcer l’implication des professionnels de santé dans la lutte contre les violences faites aux femmes ;
- favoriser le repérage des femmes victimes de violences au sein du couple ;
- faciliter la coordination entre professionnels concernés
Ces recommandations s’adressent à tou.te.s les professionnel.le.s de santé mais plus particulièrement à celles et ceux qui sont en situation de prévention ou de recours ; médecin généraliste, médecin urgentiste, pédiatre, gynécologue médical.e, gynécologue obstétricien.ne, psychiatre, médecin du travail, sage-femme, infirmier.e des urgences et libéral.e, infirmier.e puériculteur.trice, chirurgien.ne-dentiste, kinésithérapeute.
De quoi parle-t-on ?
La Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique[1] définit la violence domestique comme « tous les actes de violence physique, sexuelle, psychologique ou économique qui surviennent au sein de la famille ou du foyer ou entre des anciens ou actuels conjoints ou partenaires, indépendamment du fait que l’auteur de l’infraction partage ou a partagé le même domicile que la victime »
La Haute Autorité de Santé ajoute : « Elle peut donc être vécue dans une relation maritale, extra-maritale ou amoureuse, pendant la relation, au moment de la rupture ou après la fin de la relation. Elle peut être vécue à tous les âges de la vie et dans tous les milieux sociaux et culturels »
Aujourd’hui, en France, au moins 220 000 femmes sont victimes de violences au sein de leur couple chaque année[2]. Ces violences peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé des personnes qui en sont victimes, physiques comme psychologiques. Pourtant, les personnes victimes sont une minorité à entamer une démarche auprès des professionnel.le.s de santé, associatif.ve.s, des forces de l’ordre, pour de multiples raisons (peur, emprise de la part de l’auteur, honte, dépendance financière etc.).
Pour faire face à cette problématique de santé publique, la HAS préconise une implication forte des praticien.ne.s sur le sujet, dans la mesure où ces dernièr.e.s ont une position privilégiée auprès des patient.e.s lors des consultations.
Quel rôle pour les professionnel.le.s de santé ?
Les professionnel.le.s de la santé sont identifié.e.s depuis 2014[3] comme des acteurs et actrices majeur.e.s dans la lutte contre les violences au sein du couple.
Leur rôle est directement lié à la spécificité de ces violences :
- Les victimes sont la plupart du temps sous l’emprise de leur agresseur, c’est pourquoi il est difficile pour elles de demander de l’aide et sortir des violences.
- Elles touchent tous les milieux socio-professionnels et tous les âges. Il n’existe pas de profil-type des personnes victimes de violences au sein du couple.
- Les violences au sein du couple ont tendance à s’aggraver et s’accélérer avec le temps.
En ce sens, la Haute Autorité de Santé conseille notamment aux praticien.ne.s de questionner systématiquement leurs patientes sur les violences, même en l’absence de signaux. Ce questionnement systématique permet de pallier les particularités des violences au sein du couple et de mieux détecter et protéger les personnes victimes.
Quelles sont les recommandations de la HAS ?
- Montrer son implication
- Mettre des affiches et des brochures à disposition des patients dans la salle d’attente
- Questionner systématiquement, même en l’absence de signe d’alerte
- Y penser particulièrement en contexte de grossesse et de post-partum : en effet, le moment de la grossesse est souvent un facteur aggravant des violences au sein du couple.
- Considérer l’impact sur les enfants du foyer pour les protéger : depuis plusieurs années, les enfants témoins de violences dans le couple de leurs parents sont considéré.e.s comme co-victimes.
- Expliquer les spécificités des violences au sein du couple pour déculpabiliser la patiente et l’aider à agir
- Evaluer les signes de
gravité
- Si besoin mettre en place des mesures de protection
- Si besoin faire un signalement au procureur de la République
- Etablir un certificat
médical ou une attestation professionnelle
- Les professionnel.le.s de santé peuvent en effet attester des conséquences des violences qu’ils ou elles observent lors d’une consultation. Ces certificats ou attestations peuvent constituer des éléments importants lors d’une procédure judiciaire.
- S’entourer d’un réseau sanitaire multidisciplnaire
Si vous souhaitez être accompagné.e en tant que
professionnel.le de santé ou coordinateur.trice de réseau sur la mise en oeuvre
de ces recommandations, ou être formé.e au repérage et à la prise en charge des
femmes victimes de violences, vous pouvez contacter le groupe Egae à l’adresse
suivante : contact@groupe-egae.fr
[1] Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique
[2] Lettre n°13 de l’Observatoire national des violences faites aux femmes – novembre 2018
[3] Loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, article 51