« Le sport n’a pas de sexe. Ni féminin, ni masculin »

 

La Conférence permanente du sport féminin a été lancée ce mardi 5 septembre par la ministre des Sports, Laura Flessel, et la secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa.

Egal’actu a choisi d’interviewer Dominique Crochu, qui en a été nommée membre. En savoir plus sur Dominique Crochu. 

 

A quel titre avez-vous été nommée à la conférence permanente du sport féminin ? Quelle en est la mission, comment va-t-elle fonctionner ? 

Personnellement, j’ai été nommée par Marlène Schiappa dans cette Commission, « au titre des personnalités qualifiées en raison des compétences en matière d’égalité entre les femmes et les hommes dans le sport ». J’ai été la 1ère femme nommée directrice (en charge du web et du digital) à la Fédération française du football. Et j’étais parmi les pionnières du football, avec Marilou Duringer, pour que les filles et les femmes puissent pratiquer ce sport dans les années 80.

Ce groupe est donc composé de 30 personnes (femmes et hommes) représentant des entités, des métiers, des horizons différents. La création de cette Commission a été décidée par le gouvernement et installée par Laura Flessel et Marlène Schiappa. La mission principale est bien que les femmes puissent avoir toute leur place, au même titre que les hommes, dans le vaste univers du sport. C’est un signe fort pour le monde sportif que les deux ministres aient tenu à travailler ensemble pour ce projet. La direction des sports est maitresse d’œuvre pour faire fonctionner cette Commission nommée pour trois ans.

Quels sont les principaux enjeux du sport féminin aujourd’hui en France ?

Il n’y a pas de « sport féminin » pour moi. Le sport n’a pas de sexe. Ni féminin, ni masculin. À partir du moment où on « isole » le mot « sport » en lui accolant l’adjectif « féminin », on en fait une sous-catégorie. La sémantique est importante pour s’affranchir de l’idée que le sport serait masculin ou dédié aux hommes. L’accès doit être égal et libre.

Les véritables enjeux ? C’est l’accès à la pratique libre de n’importe quel sport et à toutes les responsabilités par les femmes et les hommes.

Et surtout faire avancer la place des femmes partout et pour tou.te.s. Que ce soit en terme de responsabilités (gouvernance des institutions, entités internationales, nationales, régionales… jusqu’aux clubs) ou d’accès aux métiers spécifiques du sport, jusqu’aux femmes du digital qui se lancent dans des projets numériques indispensables.

En effet, j’ai la conviction que la mixité et la diversité sont des forces pour une gouvernance renouvelée. C’est cette modernité qui nous attend. Les femmes (et pas que dans le sport) sont trop souvent assignées ou dédiées à s’occuper des problématiques, des projets… de femmes. Mixons et diversifions !

Quels moyens et quelles actions ou réflexions la conférence permanente du sport féminin entend  mener pour lutter contre le sexisme et les violences sexuelles dans le sport ? 

Le sexisme et les violences sexuelles ne sont pas spécifiques au sport même si sur le sexisme, on peut penser et constater que cela pèse fort de façon historique.

En fait, ce sont les clichés et les stéréotypes qu’il faut combattre dès l’enfance. C’est un long et profond travail à entreprendre partout et tout le temps pour libérer les garçons et les filles des a priori freinant ou modifiant de façon conséquente leurs envies, leurs choix. En fait, c’est même un enjeu de société fondamental pour avoir un meilleur équilibre avec plus de mixité et de diversité.