Stéréotypes de genre : un impact dès le plus jeune âge

Une étude récente de l’Ipsos et de l’ARESVI (Association de Recherche et d’Etude sur la Santé, la Ville et les Inégalités) s’intéresse à la présence des stéréotypes sur les hommes et les femmes et les “injonctions à correspondre aux normes masculines en France dans la société et dans l’éducation”. Cette étude montre notamment la nécessité de commencer la lutte contre les stéréotypes “dès le plus jeune âge”.

📊 Quelle est la méthodologie de cette étude ? 

L’étude repose sur deux enquêtes différentes menées en 2022. La première enquête s’appuie sur l’interrogation d’un échantillon de 500 parents d’enfants âgés de 4 à 13 ans, résidant en France, constituant un échantillon national représentatif de cette population. La deuxième enquête s’appuie sur l’interrogation d’un échantillon de 2 000 français·es âgé·es de 18 ans et plus, résidant en France, constituant un échantillon national représentatif de cette population.

Les deux enquêtes ont été menées simultanément, du 27 juin au 1er juillet 2022. 

👉 Quels sont les enseignements principaux de cette étude ?

D’après l’étude, “81% des parents sont conscients de leur rôle dans la transmission des stéréotypes de genre à leurs enfants”. Les parents semblent mieux identifier l’effet de l’achat de certains jouets ou vêtements sur leur enfant (47%) plutôt que de l’effet d’imitation, c’est-à-dire “l’exemple qu’ils donnent au quotidien” (40%).

L’étude montre que les parents sont eux-aussi empreints de stéréotypes. Par exemple, “34% attendent d’un « bon père » de subvenir aux besoins de sa famille, contre 22 % d’une « bonne mère », et 52 % pensent qu’une « bonne mère » doit être aimante et pardonner, contre 38 % pour un « bon père »”. L’étude suggère que ces stéréotypes peuvent ensuite être transmis à leurs enfants dans l’apprentissage des normes et des valeurs. 

Les deux paragraphes suivants mentionnent les sujets des violences conjugales, de l’homophobie et de la transphobie. Si besoin, préservez-vous à la lecture. Si vous le souhaitez, vous pouvez sauter ces deux paragraphes et passer directement à la suite, le reste de l’article sera quand même compréhensible.

Le rapport précise également que “leurs représentations des relations familiales sont encore très empreintes de rapports de pouvoir, et ce particulièrement chez les hommes de moins de 35 ans, en âge d’être père de jeunes enfants”. Par exemple, 19% des hommes de moins de 35 ans pensent qu’il y a des moments où une femme mérite d’être « battue ». Ces idées reçues peuvent également être transmises à leurs enfants, selon le rapport. 

Par ailleurs, “dans les attentes sur la masculinité des jeunes garçons, l’hétéronormativité pèse largement”. Cela semble être particulièrement le cas pour les jeunes hommes en âge d’être père. Ainsi, 32% des hommes de moins de 35 ans auraient honte que leur fils soit homosexuel (22 % pour leurs filles). 50 % d’entre eux n’accepteraient pas que leur enfant, fille ou garçon, soit transgenre. 

Le rapport note enfin une “socialisation précoce à la modération des émotions”, en particulier chez les jeunes garçons. Seulement 56% des garçons semblent à l’aise pour dire lorsqu’ils se sentent apeurés. C’est le cas pour 64% des filles. Par ailleurs, “lorsque les émotions des garçons sont exprimées, elles le sont plus auprès des mères que des pères”. En effet, 64% des parents déclarent que lorsque leur enfant est triste, il va le plus souvent parler à sa mère, contre 14 % à son père.

📋 Quelles conclusions peut-on en tirer ? 

Le rapport souligne l’importance du rôle de la prévention et de l’éducation non sexiste dès le plus jeune âge. En effet, “on retrouve dès la tranche 4-13 ans un certain nombre de mécanismes bien connus à l’âge adulte. C’est justement pendant cette période de la vie que les enfants semblent expérimenter et se construire vis-à-vis des différents stéréotypes de genre, afin de trouver la place qu’ils peuvent prendre au sein de ces dynamiques de pouvoir.”. 

Le rapport suggère également de travailler sur l’accompagnement des parents dans la mise en place “d’une éducation non sexitse” afin de mieux prendre conscience leur rôle dans la transmission des stéréotypes de genre.

💡Pour aller plus loin :

Le rapport global de l’étude : https://keringcorporate.dam.kering.com/m/29c6a7d01e3f36ea/original/Grandir-D-egal-a-egale-Rapport-global.pdf

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