Une nouvelle application de VTC (voiture de transports avec chauffeur) vient de voir le jour. Elle s’appelle Kolett et son modèle est particulier : elle s’adresse spécifiquement aux femmes. Les véhicules seront conduits par des femmes et pour des femmes.
A l’origine du projet, Valérie Furcajg, pour qui l’application a une double vocation : d’une part, faire accéder les femmes au métier de conductrices VTC, dans lequel elles ne sont actuellement que 5%, d’autre part, éviter que les utilisatrices n’aient à subir ce qu’elle appelle des « remarques » déplacées de la part des chauffeurs.
« Il m’est arrivé de sortir d’une soirée à une heure assez avancée et d’hésiter à prendre un taxi. Dans ces situations, on n’a pas forcément envie de se retrouver seule dans une voiture avec un inconnu. Pas seulement pour une question de sécurité. Parfois aussi juste pour éviter certaines remarques », explique la co-fondatrice dans Le Parisien.
Des pratiques discriminatoires au sens de la loi ? La question se pose à la fois du point de vue du recrutement et du point de vue de l’accès au service : les conductrices doivent être des femmes, ce qui écartent les candidatures masculines, et les utilisatrices aussi. Les hommes ne pourront utiliser l’application que s’ils sont accompagnés par une femme.
Un service légitime ? Les chiffes du sexisme et des violences faites aux femmes, notamment dans l’espace public, sont encore aujourd’hui particulièrement élevés.
- 100% des femmes victimes de harcèlement dans les transports d’après le Haut Conseil à l’égalité
- 74% de femmes sont victimes de harcèlement ou agressions sexuelles dans les transports en commun (gestes à connotation sexuelle, sifflements, insultes sexistes, pressions, exhibitionnisme, attouchements) d’après un sondage Ifop de cette année
- 80% des femmes considèrent que les femmes régulièrement victimes de propos ou comportements sexistes au travail
L’avenir dira si l’activité est illégale. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle application soulève une nouvelle fois la question du vivre ensemble et souligne l’importance d’améliorer l’expérience de l’espace public et des transports pour les femmes. « L’exclusivement féminin » peut être vu comme radical et clivant. Il apparaît donc essentiel de mieux prévenir le sexisme et les violences, afin qu’il ne devienne pas le seul moyen de faire en sorte que les femmes se sentent à l’aise et protégées.
A noter : Une nouvelle infraction couvrant les faits de « harcèlement de rue » vient d’être insérée dans le Code pénal (Article 621-1) : l’outrage sexiste, défini comme « le fait, (…) d’imposer à une personne tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit créé à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ».