Rebecca Jordan-Young est professeure en sociologie des sciences médicales au Barnard Collège de l’Université Columbia (New York). Elle intervenait jeudi 15 septembre à l’Université Pierre et Marie Curie pour présenter son dernier livre Hormones, sexe et cerveau aux côtés de Odile Fillod, traductrice de l’ouvrage, Catherine Vidal, neurobiologiste et Pascale Molinier, psychologue.
L’ouvrage s’intéresse à la « théorie hormonale de l’organisation cérébrale », qui explique que les prédispositions psychologiques des femmes et des hommes d’une part, des homosexuel.le.s et des hétérosexuel.le.s d’autre part, par l’influence plus ou moins forte de la testostérone sur leur cerveau pendant la grossesse. Ainsi pourrait-on expliquer les différences – naturelles et probablement indépassables – d’aptitudes cognitives, de centres d’intérêt ou encore de comportement sexuels entre femmes et hommes, ancrées dans la vérité biologique des hormones prénatales !
Cette théorie est couramment présentée dans les manuels de psychologie, de médecine, les journaux scientifiques ou les médias grand public comme un fait établi alors qu’elle repose, comme le démontre Rebecca Jordan-Young, sur des données scientifiquement inconsistantes et non-fiables. Pour cela, l’auteure met en évidence les biais dans les méthodologies de recueil de données employées ainsi que dans l’interprétation des résultats.
Comme les autres travaux proposés par la sociologie des sciences, cet ouvrage nous rappelle surtout que les sciences dites « dures » et « objectives » sont des savoirs humainement constitués et de ce fait ne sont pas à l’abri des stéréotypes de l’époque, inconsciemment reproduits par des chercheurs et chercheuses humains, trop humains…