L’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV), créé par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014 et mis en place le 19 janvier 2016, a remis le 6 avril 2017 son rapport 2016. Celui-ci dresse un panorama de la situation économique et sociale des 1 514 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), en 3 études et 27 fiches thématiques.
Pourquoi ça nous intéresse ?
Parce que la politique de la ville nous apparaît aujourd’hui comme le laboratoire du « gendermainstreaming » à la française, porte d’entrée de l’intégration transversale de l’égalité femmes-hommes dans une politique publique.
L’Observatoire s’est ainsi vu ainsi assigner « pour mission l’analyse spécifique des discriminations et des inégalités entre les femmes et les hommes. L’ensemble des données et statistiques qu’il produit sont établies par sexe » (titre I, article 2.II de la loi du 21 février 2014).
Qu’apprend-on dans le rapport 2016 de l’ONPV ?
(Note positive) Que cette consigne n’a pas été oubliée, puisque l’introduction rappelle que l’ensemble des statistiques produites sont établies par sexe conformément aux dispositions prévues par la loi, à cette précision près : « dès lors que ces données sont disponibles ».
(Dur retour à la réalité) Or ces données ne sont toujours pas disponibles. En 152 pages, vous en saurez un peu plus les situations d’inégalités femmes-hommes face au sport, au travail et à l’emploi, à la réussite au brevet des collèges. Mais rien sur la réussite scolaire, l’orientation, les situations de pauvreté, les indicateurs de santé ! Et que dire des inégalités croisées, lorsque les facteurs de discriminations s’entremêlent (sexe, âge, origine, niveau d’étude, etc.), inexistantes dans le document ?
Si l’on veut que la statistique publique réponde à l’objectif que nous lui donnons, à savoir renforcer la connaissance afin de favoriser le déploiement de politiques publiques plus ciblées et adaptées, il est nécessaire de lui donner les moyens de véritablement rendre compte du réel, en intégrant la diversité et la complexité des identités et des situations.