Cyberharcèlement dans la sphère du jeu vidéo

TW : Cet article va traiter de violences sexistes et sexuelles. Des exemples de faits graves sont cités. Protégez-vous lors de la lecture. 

Le lundi 24 novembre, la streameuse Maghla a lancé un pavé dans la marre avec une suite de publications sur Twitter dénonçant des faits violences en ligne : cyber harcèlement sexuel, injures sexistes, et menaces. 

📌 Cyberviolences : de quoi parle-t-on ? 

Comme défini dans un précédent article sur Egal’Actu, “Les cyberviolences sont des violences qui s’expriment à travers des outils numériques, de façon ponctuelle (insultes, humiliations, menaces) ou répétée (cyber-harcèlement).” 

Elles peuvent prendre plusieurs formes : insultes, menaces, cyberharcèlement, cybersexisme, usurpation d’identité, outing, raids numériques, etc. Elles ont pour caractéristiques d’être disséminées en ligne et ininterrompues : les cyberviolences ne laissent pas de répit à la personne victime. 

📌 Que s’est-il passé avec Maghla ?

Depuis plusieurs années, Maghla est l’une des streameuses les plus connues et les plus suivies  sur la plateforme Twitch, en France. Lundi 24 novembre 2022, elle publie un thread sur Twitter dénonçant le cybersexisme et les violences en ligne qu’elle subit quotidiennement et indiquant être “épuisée”. 

Dans ses publications, elle décrit des stratégies de contournement dans le choix des tenues afin d’éviter les remarques sexistes ou à caractère sexuel lors de son stream : “Dans la vie de tous les jours, je m’habille en oversize parce que j’aime bien mais je mets aussi des crop top ou des décolletés. Très souvent je me change avant mon live parce que flemme des remarques mais également d’autres choses”. 

Ces stratégies sont très courantes et d’autres streameuses les ont déjà évoquées sur les réseaux sociaux ou dans certains médias, lors d’interviews. La streameuse Ultia a par exemple expliqué, dans un épisode de Arrêt sur Image pour Arte [49:17 –  50:53], qu’elle éteignait sa caméra lorsqu’elle devait se lever de sa chaise pendant un stream (afin d’éviter que les viewers ne fasse un clip de ce moment et ne le diffuse). 

Dans ses tweets, Maghla dénonce également plusieurs formes de cyberviolences : 

  • Des pages internet (Reddit) dédiées à du roleplay (jeu de rôle) sexuel
  • Des photomontages à caractère pornographiques de la streameuse
  • Des forums de discussion entiers dédiés au partage de photos d’elle et de commentaires à caractère sexuel dégradant et humiliant
  • Des serveurs (Discord) dédiés à la diffusion de fausses nudes ou de captures d’écran de stream où la streameuse est présente
  • Des remarques sexuelles et sexistes dégradantes dans les messages privés
  • Des “dick pick” (non consenties) dans les messages privés
  • Des menaces de viol ou de mort dans les messages privés
  • Des injures sexistes dans les messages privés

Ces violences sont décrites comme étant continues et répétées. 

Maghla commente également : “Je vous jure que les commentaires en mode « gngn tu mets des vêtements pour attirer des viewers » JUSTE NON. Plus je montre de peau, plus je perds de la santé mentale en fait”. En effet, il existe un stéréotype assez répandu dans le milieu du jeu vidéo : l’idée selon laquelle il serait plus facile pour une femme qui stream de faire des vues (parce que, selon ce stéréotype, ces joueuses “profiteraient” de leur beauté pour attirer une audience masculine plus importante sur leur stream). 

Cette idée reçue contribue non seulement à invisibiliser les violences que subissent les joueuses lorsqu’elles streament mais aussi à inverser la culpabilité. L’inversion de la culpabilité est d’ailleurs un mécanisme commun à d’autres formes de violences.  

Ce commentaire montre, par ailleurs, l’impact des cyberviolences sur la santé des personnes victimes. 

📌 Et maintenant ?

De nombreux témoignages ont suivi celui de Maghla. D’autres streameuses, dont Lixiviatio, ont rappelé que ces faits n’étaient pas nouveaux et que ce type de violences avait déjà été dénoncé par d’autres streameuses. Certaines joueuses ont également interrogé la responsabilité des plateformes de diffusion, comme Twitch, en demandant plus de modération et plus de mesures de protection, par exemple. Des médias et associations évoquent même le début d’un #MeToo du jeu vidéo. 

🚨 Si vous êtes (ou avez été) confronté·es à des cyberviolences, voici quelques ressources utiles : 

Quelques contacts d’associations spécialisées :  

💡 Sources / Pour aller plus loin : 

Pour retrouver la série de tweets de Maghla dénonçant les violences sexistes et sexuelles : https://twitter.com/Maghla/status/1584644210330075136?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1584644210330075136%7Ctwgr%5E74fbfd5d420fb0b6c3692452489480cd40d8be37%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.neonmag.fr%2Fles-streameuses-denoncent-le-cyberharcelement-et-le-sexisme-dont-elles-sont-victimes-sur-twitch-559614.html

Pour retrouver une vidéo du média Brut traitant de cette actualité : https://www.brut.media/fr/news/maghla-denonce-le-harcelement-sexuel-envers-les-streameuses-566f8589-4c25-43de-8d94-72c20712b195

Pour retrouver un ancien article d’Egal’Actu sur les cyberviolences : https://egalactu.com/les-cyberviolences-la-continuation-des-violences-en-ligne/

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