Education à la sexualité, où en est-on ?

Le 15 juin 2016, la Présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh), Danielle Bousquet, remettait aux ministres Najat Vallaud-Belkacem et Laurence Rossignol, un rapport relatif à l’éducation à la sexualité, faisant un état des lieux inédit sur le sujet.

Pendant longtemps taboue, la sexualité, en particulier celles des jeunes, reproduit encore largement les stéréotypes sexistes. Le rapport du HCEfh montre que les jeunes n’ont parfois pas accès aux informations qui leur permettraient de développer une sexualité épanouie.

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Le rapport du HCEfh montre par exemple que la loi du 4 juillet 2001 et la circulaire de 2003 prévoyant 3 séances annuelles d’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées, ne sont pas entièrement respectées.

Parmi les éléments de diagnostic avancés par le HCEfh : 

– « 1 jeune fille de 15 ans sur 4 ne sait pas qu’elle a un clitoris. » (Mémoire de DU Sexologie de Annie Sauvet, 2009)

– « 84 % des filles de 13 ans ne savent pas comment représenter leur sexe alors qu’elles sont 53 % à savoir représenter un sexe masculin. » (Ibid)

– « En Ile-de-France, 1 lycéenne sur 4 déclare avoir été victime d’humiliations et de harcèlement en ligne notamment concernant son apparence physique ou son comportement sexuel ou amoureux ». (Sondage IPSOS/Centre Hubertine Auclert, 2014)

– « Et une femme sur 10 de moins de 20 ans déclare avoir été agressée sexuellement au cours de sa vie. » (BAJOS Nathalie, BOZON Michel, Enquête sur la sexualité en France, 2008.)

La méconnaissance de son corps, de la façon dont le plaisir fonctionne et les violences sexistes et sexuelles sont des obstacles à une sexualité libre et épanouie.

Une politique ambitieuse d’éducation à la sexualité participerait à faire reculer les inégalités femmes-hommes et les violences contre les femmes. En parlant sexualité, on facilite l’accès à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), on lutte contre les stéréotypes homophobes et lesbophobes, on prévient les violences sexistes et sexuelles, etc.

Pour avancer vers une éducation à la sexualité qui accompagne les jeunes, le HCEfh propose de la redéfinir comme suit :

« L’éducation à la sexualité est une manière d’aborder l’enseignement de la sexualité et des relations interpersonnelles qui soit : fondée sur l’égalité des sexes et des sexualités, adaptée à l’âge, basée sur des informations scientifiques, sans jugement de valeur. » (HCEfh, p.5)

L’éducation à la sexualité y est notamment appréhendée comme un outil permettant aux jeunes de libérer leur parole et d’acquérir des connaissances et des savoirs-être.

Afin d’améliorer et d’accompagner le déploiement de cette politique publique, le HCEfh fait 30 recommandations, construites à travers 4 axes, permettant de :

– Mieux connaître et reconnaître la sexualité des jeunes, notamment avec la mise en place de nouvelles études et enquêtes. Un travail autour de la prise en compte de la parole des jeunes doit également être engagé.

– Renforcer de manière ambitieuse la politique interministérielle d’éducation à la sexualité.

– Organiser, financer, évaluer et renforcer la visibilité de l’action de l’Education nationale.

– Responsabiliser les autres espace clés de socialisation des jeunes, hors-école, pour prendre en compte leur parcours de vie.

Retrouvez le rapport du HCEfh ici et sa synthèse, ici.

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Amélie Durin réalise son stage de fin d’études au sein du secrétariat général du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, en participant aux travaux des commissions santé, parité et violences faites aux femmes. Elle intègre le groupe Egaé en avril 2016. Elle est notamment chargée du site expertes.eu.