Genre, santé et développement

Le 23 novembre, j’étais à Marseille à la conférence organisée par Santé Sud sur le genre, la santé et le développement, organisée à la faculté de médecine de la Timone. Les interventions ont mis en avant plusieurs enjeux fondamentaux.

Les stéréotypes de genre influent sur les pratiques de santé

Comme le souligne Françoise Héritier dans ses travaux, dans toutes les sociétés du monde, les femmes « valent » moins que les hommes et sont considérées comme « inférieures ». Cette hiérarchisation du féminin et du masculin est véhiculée par les stéréotypes de genre que l’on retrouve de façon constante dans notre quotidien de la petite enfance au monde professionnel. Les inégalités de genre ont comme conséquence d’invisibiliser les femmes dans presque tous les domaines, et la santé n’en est pas exclue.

Comme le démontre l’INSERM dans sa campagne « Genre et santé, attention aux clichés », les stéréotypes de genre influencent également les recherches et les pratiques de santé. Par exemple, la dépression est considérée comme une maladie de femmes (émotives), tandis que l’infarctus du myocarde serait une maladie d’homme (stressé par le travail). Ces préjugés conduisent à sous diagnostiquer ces maladies chez les patient.e.s de l’autre sexe.

On retrouve les mêmes travers dans le domaine du VIH Sida, comme le souligne la chercheuse Sandrine Musso : « le cancer de l’utérus est entré dans la définition officielle des cas de Sida en 1993 » et « jusqu’en 1997, les femmes n’étaient des cibles qu’a travers la grossesse et la prostitution, autrement dit, selon les schémas classique de la mère et de la putain ».

Les stéréotypes de genre influent sur l’accès des femmes aux soins et l’exercice du droit à la santé

De la même manière, les inégalités entre les sexes empêchent les femmes de bénéficier pleinement de leur doit à la santé. A Madagascar, elles sont rarement seules à décider pour elles-mêmes la prise d’un contraceptif par exemple. De plus, des rumeurs circulent sur les effets de la planification familiale sur les femmes (« ça fait grossir », « ça donne le cancer ») qui limitent leur utilisation.

L’accès au suivi en centre de santé est réservé à la santé prénatale afin de préserver la santé du bébé, mais les accouchements restent majoritairement réalisés par des accoucheuses traditionnelles. Généralement, les familles se mobilisent quand les femmes sont enceintes ou allaitantes mais pas quand elles sont atteintes par d’autres maladies ou symptômes. Pour Niri Ramaromandray, la coordinatrice de Santé sud à Madagascar, d’une façon générale, les femmes restent considérées comme « inférieures » aux hommes. Cette idée se transmet de génération en génération et n’est pas réellement remise en question.

Focus sur la Maison des femmes de Seine-Saint-Denis

Inaugurée en juin 2016, à l’entrée du centre hospitalier Delafontaine, la Maison des femmes de Seine-Saint-Denis accueille toutes les femmes vulnérables ou victimes de violences. Ouverte directement sur la rue, elle offre un accueil confidentiel et sécurisé.

De la demande de contraception en passant par l’IVG, les soins autour d’une excision, d’un viol ou de violences physiques ou psychologiques, dans le cadre familial, conjugal ou autre, les équipes offrent les soins les plus adaptés et les plus actuels. Un large réseau de partenaires et diverses permanences associatives nous permettent d’orienter les patientes en fonction de leurs besoins, tout en privilégiant la coordination de leurs parcours.