Le 1er décembre, c’est la journée mondiale de lutte contre le Sida.
A cette occasion, nous avons rencontré Bernadette Rwegera de l’association IKAMBERE. Bernadette Rwegera a fondé IKAMBERE en 1997, dans le but de soutenir les femmes touchées par le VIH et le Sida. Elle est aujourd’hui directrice de l’association, qui a accueilli plus de 2 500 femmes depuis sa création.
Pourquoi avoir créé l’association IKAMBERE ? Pourquoi ne s’adresser qu’aux femmes ?
IKAMBERE est née suite à un travail universitaire réalisé par Bernadette Rwegera sur « les femmes et enfants immigrées d’Afrique subsaharienne vivant en Ile-de-France face au VIH ». Dans le cadre de ses recherches, elle a fait un constat : les femmes vivaient dans une grande solitude et avaient une souffrance indicible. Elles étaient isolées, honteuses et vivaient dans la précarité, avec la peur d’une mort imminente et le sentiment d’échec du projet migratoire.
Les femmes touchées par le VIH/Sida présentent une triple vulnérabilité : elles sont femmes, migrantes et malades.
Chez une femme, la surface de la muqueuse exposée est beaucoup plus grande que chez l’homme ; la contamination est favorisée par la retenue du sperme dans le vagin. A cause des inégalités entre les femmes et les hommes, les femmes subissent des violences et des relations sexuelles forcées. Les femmes doivent également faire face à une conjonction de vulnérabilités qui les rend particulièrement fragiles (sans ressources, sans logement, sans accès aux droits).
Tous ces constats ont poussé Bernadette Rwegera a créer IKAMBERE « La Maison Accueillante » en 1997, pour permettre à ces femmes de rompre l’isolement provoqué par la maladie et la précarité, promouvoir les conditions de vie et favoriser l’entraide mutuelle. IKAMBERE a également pour objectifs de mener des actions de prévention pour sensibiliser les femmes à se protéger elles-mêmes et leur entourage. Aussi, l’un des objectifs est de permettre aux femmes de mieux comprendre et maitriser leur maladie grâce à des rencontres régulières avec des professionnel.le.s de santé à IKAMBERE.
Quelles sont les principales actions menées ?
IKAMBERE fonde son action sociale sur une valeur essentielle, celle de la solidarité : permettre aux femmes d’accéder à l’autonomie, avoir un travail, des droits ouverts et un logement, et ainsi gérer leur maladie en toute tranquillité. IKAMBERE a ainsi développé 9 projets complémentaires pour les accompagner vers l’autonomie : l’accueil et l’accompagnement vers l’insertion sociale et professionnelle, les appartements passerelles, la prévention et les permanences hospitalières, ainsi que la formation et l’information, les actions mère-enfant, les actions en direction des femmes âgées et l’éducation thérapeutique.
IKAMBERE tient compte de la précarisation des femmes infectées par le VIH. Ainsi, le quotidien d’IKAMBERE, c’est aussi un repas chaud partagé tous les midis, et une série d’ateliers permettant aux femmes de développer une attitude solidaire et de maintenir un réseau social : le fitness,l’alphabétisation, la couture, la coiffure, la cuisine, l’informatique, etc. Ces activités permettent ainsi d’améliorer la qualité de vie de femmes atteintes d’une maladie chronique. Elles permettent effectivement de restaurer la confiance en soi indispensable à la reconstruction d’un projet de vie, lorsque l’infection au VIH/Sida entraine un sentiment profond de morbidité.
IKAMBERE assure une prise en charge globale aux femmes vulnérables. Nous partons des besoins exprimés par les femmes pour tenter de trouver des solutions adaptées et durables.
Y a-t-il d’autres actions que vous souhaiteriez développer, notamment pour répondre à des besoins d’accompagnement que vous percevez chez les femmes vivant avec le VIH et pour lesquels il n’existerait pas de réponses aujourd’hui ?
Les femmes que nous accueillons sont pour la plupart sans domicile fixe. Elles vont d’une structure d’hébergement à une autre. Nous souhaiterions pouvoir développer notre offre d’hébergement pour permettre à ces femmes de se ressourcer au sein d’un lieu sécurisant et adapté. Les structures d’hébergement d’urgence dédiées aux femmes sont très limitées et beaucoup de femmes craignent les structures mixtes.
Nous souhaiterions aussi développer les projets d’insertion professionnelle, essentiels pour permettre aux femmes d’accéder à l’autonomie et retrouver leur dignité.
Aussi, nous pensons qu’il est essentiel de continuer à informer le grand public sur la maladie pour tenter de changer le regard sur les personnes vivant avec le VIH. En effet, en 20 ans les progrès thérapeutiques ont été extraordinaires mais il s’agit d’une pathologie encore très stigmatisante, excluante…
Découvrez le site de l’association : http://www.ikambere.com