Ce vendredi 29 juin, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes a remis à la Secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes son rapport intitulé « Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical : des remarques aux violences, la nécessité de reconnaitre, prévenir et condamner le sexisme ».
À l’origine du rapport ? L’ampleur du hashtag #PayeTonUtérus, lancé en 2014 sur Twitter, qui a fait émerger en seulement 24h plus de 7000 témoignages de femmes.
Le HCE a identifié 6 types d’actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical, dont certains relèvent des violences :
- Non prise en compte de la gêne de la patiente, liée au caractère intime de la consultation
- Propos porteurs de jugements sur la sexualité, la tenue, le poids, la volonté ou non d’avoir un enfant, qui renvoient à des injonctions sexistes
- Injures sexistes
- Actes (intervention médicale, prescription, etc.) exercés sans recueillir le consentement ou sans respecter le choix ou la parole de la patiente
- Actes ou refus d’acte non justifiés médicalement
- Violences sexuelles : harcèlement sexuel, agression sexuelle et viol
Si tou.te.s les professionnel.le.s de santé ne sont bien entendu pas auteur.trice.s d’actes sexistes, ceux-ci sont néanmoins courants dans le suivi gynécologique et obstétrical des femmes. Les chiffres publiés dans le rapport révèlent la gravité de la situation :
- 1 accouchement sur 5 donne lieu à une épisiotomie : 1 femme sur 2 sur laquelle une épisiotomie a été réalisée déplore un manque ou l’absence totale d’explication sur le motif de l’épisiotomie.
- Les taux d’épisiotomie — toutes grossesses confondues — sont très variables d’une maternité à l’autre, de 0,3 % (dans une maternité de type 3 – accueillant les grossesses pathologiques et à grands risques) à 45 % (dans une maternité de type 1 – accueillant des grossesses normales ou à bas risque), selon la cartographie 2018 Le Monde/ Fédération française des réseaux de santé en périnatalité.
- 6% des femmes se déclarent « pas du tout » ou « plutôt pas » satisfaites du suivi de leur grossesse ou de leur accouchement, cela représente par exemple 50 000 femmes pour l’année 2016.
- 3,4% des plaintes déposées auprès des instances disciplinaires de l’Ordre des médecins en 2016 concernent des agressions sexuelles et des viols commis par des médecins.
Ce rapport témoigne de prégnance du sexisme dans le secteur médical : 86% des internes en médecine déclarent avoir été exposé.e.s à du sexisme. Le Haut Conseil a formulé dans son rapport 26 recommandations, qui s’articulent autour de trois axes :
- Reconnaître les faits
- Prévenir les actes sexistes et enfin faciliter les procédures de signalement
- Condamner les pratiques sanctionnées par la loi