Comprendre les violences faites aux femmes à partir des violences à l’école

« Comment passe-t-on d’une surexposition des jeunes garçons à la violence scolaire à une surexposition des femmes devenues adultes ? Est-ce au moins en partie à cette violence contre les garçons (et, présumons-le, entre garçons) que nous devons relier la violence ultérieure contre les femmes ? »

Telles sont les questions auxquelles le rapport « Les violences sexistes à l’école, une oppression viriliste », coordonné par Eric Debarbieux pour l’Observatoire européen de la violence à l’école, et publié le 30 mai 2018, tente de répondre.

L’ex-délégué ministériel à la prévention du harcèlement scolaire, spécialiste de la violence à l’école, s’appuie sur plusieurs enquêtes statistiques et de nombreux témoignages et travaux de recherche pour analyser les violences qui se déploient en milieu scolaire.

Si la lecture de ce long rapport est riche, nous en retiendrons particulièrement le constat suivant : à l’école, les violences sexistes sont fréquentes (plus de 1 élève sur 2 en fait l’expérience à l’école, 1 sur 3 au collège, puis les violences physiques diminuent au lycée) et touchent au moins autant les filles que les garçons, voire davantage. 

En effet, parmi les victimes de violences sexistes, on trouve beaucoup de garçons « non conformes au modèle viril ». On assiste en effet à l’école à la construction du modèle du « mâle alpha », celui qui domine les filles, mais aussi tous les autres garçons ne correspondant pas au « modèle viriliste », dans un « refus du féminin » et de tout ce qui s’en approche.

Les exemples se multiplient au quotidien, sans jamais être anodins : les humiliations aux toilettes, les insultes homophobes ou adressées aux bons élèves, l’occupation d’une plus grande partie de la cour par les garçons, une tolérance plus forte en classe face aux bavardages ou au chahut, etc.

Néanmoins, les auteur.e.s du rapport rappellent que tout ne se joue pas à l’école, et que les violences les plus lourdes se jouent « à l’extérieur », dans l’entourage familial notamment. L’école apparaît au contraire comme un lieu de prévention des violences sexistes, sous réserve d’y garantir la formation et la stabilité des équipes.