A l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Pyeongchang, Egal’actu revient sur les inégalités entre femmes et hommes dans la pratique sportive, en s’appuyant notamment sur les travaux d’Yves Raibaud, géographe, qui a rédigé une tribune à ce sujet pour le magazine 50/50. Deux enquêtes sur le sujet ont également été réalisées à Bordeaux et Genève.
Quelques exemples d’inégalités
Pendant les JO, les femmes sont moins nombreuses dans les délégations nationales (aux Paralympiques, 42 femmes pour 84 hommes) et rapportent en moyenne moins de médailles (deux fois moins à Rio en 2016, trois fois moins à Sotchi en 2014).
Autre constat : le sport féminin est largement moins médiatisé que le sport masculin. D’après une enquête des Dégommeuses, seuls 2,1 % des articles consacrés au football sont dédiés au foot féminin dans la presse ! Dans So Foot, le pourcentage atteint difficilement les 0,1 %… Sans même parler des salaires des sportifs/ves, notamment des joueurs et joueuses de foot : la joueuse la mieux payée en 2016 a touché 346 000 euros… le joueur le mieux payé a touché 31 millions d’euros.
Enfin, et même si une nette progression est à l’oeuvre depuis 10 ans, la tête des fédérations sportives (conseils d’administration et comités directeurs) est encore largement occupée par des hommes (à 64 %) : le plafond de verre existe aussi dans le sport !
Alors, pourquoi ces inégalités ?
Premier constat : le budget alloué à la pratique sportive des filles et des garçons n’est pas la même : à Bordeaux comme à Genève, 70 % des moyens sont dédiés aux garçons et aux hommes (subventions, activités proposées par les collectivités, licencié.e.s dans les clubs sportifs (les femmes ne représentent que 37,5 % des licencié.e.s de fédérations sportives)…). Quand on considère également les équipements sportifs mis à disposition du public, les inégalités sont criantes : citystades, skateparks, salles de sports, stades… sont en très grande majorité occupés par des garçons et des hommes.
Par ailleurs, les stéréotypes sexistes créent de fait des inégalités : les filles sont réputées être moins sportives, moins compétitives, elles auraient moins besoin de se dépenser que les garçons… On s’inquiètera plus vite quand une fille grimpe aux arbres, se bagarre ou s’aventure un peu trop loin. Au contraire, pour correspondre à la norme viriliste, les garçons sont invités à faire beaucoup de sport. A l’adolescence, un nombre plus important de filles que de garçons abandonne la pratique sportive (45 % contre 35 % de garçons) : à l’heure de la puberté (arrivée des règles et croissance des seins n’aident pas), elles sont soumises à des pressions sociales fortes (hypersexualisation…).
Enfin, sportifs célèbres et entraineurs sont souvent des hommes : les filles n’ont donc bien souvent pas de modèle féminin auquel se référer… quand l’absence d’équipe féminine n’empêche pas carrément la pratique (clubs de foot et de rugby en tête).
Faire bouger les lignes est possible !
Plusieurs organisations agissent pour plus d’égalité dans le sport : la Conférence permanente du sport féminin a été lancée en septembre 2017 par la ministre des Sports, Laura Flessel. Le collectif Egal sport, créé en mars 2017,a pour objectifs de promouvoir l’égalité femmes-hommes dans le sport, de mettre en réseau des actrices et acteurs pour un partage d’expertise et de mutualiser des ressources.
Le groupe Egaé propose aussi des formations à destination des acteurs et actrices du sport ! Pour en savoir plus, contactez-nous !