Burn out maternel : quand la charge mentale déborde

L’IFOP a réalisé en février 2022 une étude sur la répartition du travail domestique chez les jeunes parents. L’étude a été réalisée par questionnaire auto-administré auprès d’un échantillon de 1002 femmes de 24 à 45 ans, mères d’enfants de 0 à 7 ans, sélectionnées par la méthode des quotas. 

📍 Une charge mentale inégalement répartie 

La charge mentale est une notion qui apparaît en sociologie du travail et qui se popularise en France, notamment avec la BD “Fallait demander !” de la dessinatrice Emma pour visibiliser les inégalités de genre dans la prise en charge des tâches domestiques, pas seulement en termes de quantité de tâches effectuées qu’en termes de temps passé à la  planification des tâches, au fait de les rappeler à son ou sa partenaire, etc. 

L’étude met en lumière le phénomène, déjà bien documenté, d’une charge mentale inégalement répartie entre les femmes et les hommes au sein des couples hétérosexuels. 

41% des répondantes déclarent être “un peu” soutenues sur le plan logistique par leur co-parent, et 18% déclarent qu’elles ne le sont “pas vraiment”. Sur le plan moral, 44% déclarent être “un peu” soutenues et 16% déclarent qu’elles ne le sont “pas vraiment”. 

Si la répartition entre les parents du travail domestique a augmenté en comparaison des générations précédentes, l’équilibre est encore loin d’être atteint. 

📍 Le phénomène de “double journée”

Pour 59% des répondantes, le principal enjeu pesant sur leur charge mentale est l’articulation de leur vie professionnelle avec leur vie familiale. 

Pour beaucoup de répondantes, la difficulté d’obtenir des informations fiables et la multiplication des injonctions, notamment sur les réseaux sociaux, à concilier une vie familiale épanouie, une vie professionnelle active, à se conformer aux standards de beauté et à se réaliser en tant qu’individu (entretenir sa relation de couple, maintenir ses relations amicales, faire du sport, etc.) pèse également lourd sur leur charge mentale. 

📍 Toutes les jeunes mères sont-elles également confrontées au phénomène ? 

43% des répondant.e.s disent ne pas se sentir accompagnées dans la gestion quotidienne de leur vie familiale. Ce chiffre est fortement lié à la situation sociale des répondantes : il monte à 48% pour les répondant.e.s les plus précaires et descend à 26% chez les plus aisées. Cela s’explique par la capacité des foyers aisés à sous-traiter une partie du travail domestique lié à l’éducation des enfants et à l’entretien du foyer à d’autres personnes, ce qui permet de libérer davantage de temps pour les jeunes parents, et en particulier les mères. 

📍 L’impact de la charge mentale sur la santé psychique

L’impact d’une charge mentale inégalement répartie se ressent donc différemment selon la situation familiale, économique et sociale des parents, mais dans tous les cas ce phénomène a un impact important sur la santé mentale des femmes, en particulier dans le contexte actuel de pandémie, de changement climatique et de baisse structurelle du pouvoir d’achat (89% des répondantes déclarent que la situation actuelle ajoute une pression supplémentaire). 68% des répondantes se déclarent fatiguées physiquement et 57% se disent “moralement épuisées”. Le cumul de ces facteurs peut mener à un “burn out parental” : 34% disent y avoir déjà été confrontées ou l’être encore actuellement. Chez les mères de foyers monoparentaux, ce chiffre s’élève à 40%. 

Conclusion

Pour prévenir ce phénomène, les employeurs peuvent mettre en place des dispositifs de prévention afin de faciliter l’articulation des temps de vie professionnels et personnels, et prendre des mesures pour faire cesser les remarques et comportements discriminatoires potentiels. 

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💡 Sources / Pour aller plus loin : 

L’étude complète ici : https://www.ifop.com/publication/les-francaises-et-le-burn-out-maternel/

Pour demander un accompagnement sur l’égalité professionnelle femmes-hommes ou la lutte contre les discriminations, vous pouvez écrire à l’adresse contact@groupe-egae.fr