“Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent et les jeunes générations sont les plus touchées”. Le rapport du Haut Conseil à l’Égalité (HCE) commence ainsi par le constat de cette situation décrite comme alarmante. Ce rapport se base sur les résultats d’une enquête « Baromètre Sexisme », menée avec l’institut Viavoice, sur un échantillon représentatif de la population française de 2 500 personnes âgées de 15 ans et plus. Le HCE dévoile ainsi de nouveaux chiffres préoccupants sur l’état du sexisme en France et propose des mesures urgentes.
Avertissement (TW) : Cet article va traiter de violences (sexistes, sexuelles, physiques, psychologiques.…). Des faits graves sont cités. Les chiffres peuvent, notamment, être difficiles à lire. Protégez-vous pendant la lecture, n’hésitez pas à prendre des pauses ou à vous arrêter si besoin.
🚨Quel est l’état du sexisme en France en 2023 ?
Selon le rapport du HCE, les inégalités de genre sont massivement reconnues par la majorité des répondant·es. En effet, 93% de la population constate des inégalités de traitement entre les femmes et les hommes dans au moins une des sphères de la société (travail, espace public, médias, famille, études, loisirs,…).
En ce qui concerne le travail, seul·e 1 Français·e sur 5 estime que le monde professionnel est égalitaire. 37 % des femmes affirment d’ailleurs avoir déjà vécu des discriminations sexistes dans leurs choix d’orientation professionnelle.
Ce consensus sur les inégalité explique sans doute que 4 jeunes femmes (agées de 15 à 24 ans) sur 5 considèrent qu’il est plus difficile d’être une femme qu’un homme dans la société actuelle. Le rapport du HCE montre ainsi que le sexisme touche particulièrement les femmes. En effet, 80% des femmes ont la sensation d’avoir déjà été victimes de sexisme (contre 37%, seulement pour les hommes).
Sur le sujet des violences, le constat est également alarmant. Selon le rapport, près de 40% des femmes auraient vécu une “situation de non-consentement”.
Dans les situations de “non-consentement”, il est inclus :
- Un rapport sexuel suite à l’insistance de leur partenaire, alors qu’elles n’en avaient pas envie
- Un rapports sexuel non protégé suite à l’insistance de leur partenaire
- Un rapport sexuel non consenti sous emprise d’alcool ou de drogue
- Un rapport sexuel pendant lequel leur partenaire a retiré son préservatif sans demander leur accord
- Des étreintes, baisers par un collègue ou un homme qu’elles ne connaissaient pas
Le rapport du HCE rappelle que 122 femmes sont victimes de féminicide conjugal en 2021 contre 102 en 2020, soit une augmentation de 20%. Parmi les répondant·es au baromètre, 15% des femmes déclarent avoir déjà subi des coups portés par leur partenaire ou ex-partenaire. En matière de violences psychologiques, “22 % ont déjà vécu une situation d’emprise psychologique ou de jalousie excessive imposée par leur conjoint”.
🔎Quelles conséquences sur le quotidien des femmes ?
D’après le rapport, 9 femmes sur 10 adoptent des “conduites d’évitement” pour éviter des actes sexistes. Parmi ces pratiques, on retrouve le fait d’éviter de :
- Sortir et faire des activités seules (55%)
- S’habiller selon ses envies (52%)
- Parler fort et hausser le ton (40%)
40% des femmes déclarent ainsi censurer leur propos par crainte de la réaction des hommes. 8 femmes sur 10 ont peur de rentrer seules chez elles le soir.
Ces conduites d’évitement ont des conséquences réelles et concrètes sur la vie des femmes, notamment la vie académique et professionnelle. Ainsi, 35 % des actives n’ont pas osé demander une promotion ou une augmentation. Par peur d’être confronté au sexisme, 15 % des femmes ont déjà redouté voire renoncé à s’orienter dans les filières / métiers majoritairement composés d’hommes.
💭Quelle est la vision des hommes sur le sexisme ?
S’il semble exister un consensus global sur l’existence d’inégalités entre les femmes et les hommes, les situations de sexisme “du quotidien” paraissent plus facilement acceptées (par les femmes et par les hommes). Ainsi, par exemple, moins d’1 Français·e sur 2 considère problématique qu’une femme cuisine tous les jours.
C’est particulièrement le cas pour les hommes qui sont moins nombreux que les femmes à considérer des situations et des stéréotypes sexistes comme étant problématiques. À titre d’exemple, le mansplaining n’est perçu comme problématique que par 54 % des hommes contre 75 % des femmes (21 points d’écart).
Pour les hommes âgés de 65 ans et plus, le HCE montre “davantage de conservatisme” dans les rôles genrés. Ils sont, par exemple, 78 % à considérer qu’un homme doit prendre soin financièrement de sa famille (contre 67 % en moyenne, tout âge confondu).
Pour les jeunes hommes âgés de 15 à 35 ans, le rapport du HCE dévoile “un ancrage plus important des clichés masculinistes”. 23% d’entre eux considèrent qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter (contre 11% en moyenne, tout âge confondu).
💫Alors, comment agir ?
Face à ce constat inquiétant, le HCE propose 10 mesures d’urgence pour lutter contre le sexisme :
- Augmenter les moyens financiers et humains de la justice pour former plus et en plus grand nombre les magistrat·es ;
- Instaurer une obligation de résultats pour l’application de la loi sur l’éducation à la sexualité et à la vie affective ;
- Réguler les contenus numériques pour lutter contre les stéréotypes ;
- Rendre obligatoires les formations contre le sexisme par les employeurs ;
- Généraliser l’égaconditionnalité et la budgétisation sensible au genre ;
- Créer une Haute Autorité indépendante pour lutter contre les violences sexistes en politique ;
- Conditionner les aides publiques à la presse écrite à des engagements en matière d’égalité ;
- Rendre obligatoire un système d’évaluation et une publication annuelle sur la part de représentation des femmes dans les manuels scolaires
- Interdire la publicité pour les jouets genrés
- Institutionnaliser la journée nationale de lutte contre le sexisme le 25 janvier.
🚨 Si vous êtes (ou avez été) confronté·es à des violences, voici quelques ressources utiles :
- Le 39 19 : plateforme d’écoute nationale, gratuite, anonyme, ouverte 24h/24 et 7j/7.
- Le CFCV : 0 800 05 95 95 : ligne d’écoute, gratuite, anonyme et confidentielle, ouverte du lundi au vendredi, de 10h à 19h.
- Le tchat « Comment on s’aime » d’En Avant Toutes : des professionnel·le·s à l’écoute et bienveillant·e·s, disponibles du lundi au samedi, de 10h à 21h.
💡 Sources / Pour aller plus loin :
Le rapport complet du HCE sur l’état du sexisme en France en 2023 : https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_-_rapport_annuel_2023_etat_du_sexisme_en_france.pdf
Le “Baromètre Sexisme” Viavoice : https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_-_barometre_sexisme_viavoice.pdf
Les 10 recommandations du HCE pour un plan d’urgence d’actions de lutte contre le sexsime : https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/10_recommandations_pour_un_plan_d_urgence_de_lutte_contre_le_sexisme.pdf
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