Etude du Baromètre 2023 sur les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur

Photo d'un baromètre (l'objet)

L’Observatoire étudiant des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur a publié, le 11 avril 2023, un nouveau baromètre. Ce rapport est basé sur les réponses de plus de 10 000 personnes ayant étudié en 2020-2021 ou en 2021-2022 dans un établissement d’enseignement supérieur en France.

Avertissement (TW) : Cet article va traiter de violences (sexistes, sexuelles, physiques, psychologiques.…). Des faits graves sont cités. Les chiffres peuvent, notamment, être difficiles à lire. Protégez-vous pendant la lecture, n’hésitez pas à prendre des pauses ou à vous arrêter si besoin.

📍Le manque de (re)connaissance des violences par les étudiant·es

Le baromètre interroge d’abord la capacité des étudiant·es à identifier les violences sexistes et sexuelles, à les associer avec des qualifications légales, et parfois à connaître les circonstances aggravantes. L’étude présente plusieurs actes exemples de cas fictifs pouvant s’apparenter à des violences et questionne les étudiant·es dessus. 

La grande majorité des répondant·es identifie les actes de violences comme étant punis par la loi. Cependant, lorsqu’on leur demande pour quel motif l’acte en question est puni par la loi, il semble y avoir de la confusion autour des définitions légales.

Ainsi, en moyenne, 1 étudiant·e sur 10 caractérise une situation d’agression sexuelle comme du harcèlement sexuel et 1 étudiant·e sur 6 identifie une situation de viol comme une agression sexuelle. Enfin, plus d’1 étudiant·e sur 3 (38%) ne sait pas faire la différence entre une situation de harcèlement moral et une situation de harcèlement sexuel. 

Le rapport constate également que les hommes semblent avoir plus de difficultés à identifier les situations de harcèlement sexuel : 1 étudiant sur 3 ne sait pas que la situation de harcèlement sexuel décrite dans le rapport est punie par la loi, et 13% affirme qu’elle ne l’est pas.

Selon le rapport, “les difficultés à identifier la nature des faits démontrent une véritable tendance à minimiser les violences sexistes et sexuelles”. 

📍Les idées reçues sur la responsabilité des personnes ayant commis des faits de violences

Selon le rapport, “seul·es 79% des répondant·es affirment être « Tout à fait d’accord » avec l’idée que « L’agresseur·e est toujours responsable de ses actes de violence ». Cela signifie a contrario qu’1 étudiant·e sur 5 considère que dans certains cas, l’agresseur·e n’est pas entièrement responsable de ses actes de violences.

Parmi les circonstances où la personne qui commet des violences ne seraient pas entièrement responsable de ses actes qui ont été citées dans l’étude, on retrouve principalement 4 idées reçues : 

  • Lorsque l’agresseur·e consomme de l’alcool ou de la drogue” (Alors qu’en réalité, il s’agit, au contraire, d’une circonstance aggravante dans la loi) 
  • Lorsque l’agresseur·e ne sait pas que ses actes sont violents” (Le baromètre précise que que nul n’est censé ignorer la loi) 
  • Lorsque l’agresseur·e y est contraint·e (par exemple lors d’un bizutage)” (Le rapport rappelle que a pression sociale ne peut en aucun cas excuser les violences)
  • Lorsque l’agresseur·e souffre de troubles psychiatriques” (En dehors des cas où les troubles en question affecteraient le discernement de l’auteur·e des faits, les auteur·ices de violences restent toujours responsables au niveau de la loi). 

Près d’1 étudiant·e sur 10 considère que l’emprise de l’alcool atténue la gravité des violences, alors que c’est en fait une circonstance aggravante au regard de la loi pour la plupart des faits de violences sexuelles, notamment l’agression sexuelle et le viol.

📍 Les chiffres sur les violences dans l’enseignement supérieur 

Le rapport fait état de violences “graves” et “systémiques” dans l’enseignement supérieur. 6 étudiant·es sur 10 (60%) déclarent avoir été victimes et/ou témoins d’au moins l’une des 12 violences citées dans le rapport. 

Les 12 violences citées dans le rapport sont les suivantes : l’outrage sexiste, les injures LGBTQIAphobes, le harcèlement moral, le harcèlement sexuel, l’exhibition sexuelle, le voyeurisme, la pornodivulgation, les agressions physiques LGBTQIAphobes, les agressions sexuelles, la tentative d’agressions sexuelles, les viols et tentatives de viols. 

1 étudiant·e sur 2 déclare avoir été témoin d’au moins une des violences citées. Plus d’1 étudiant·e sur 4 déclare avoir été victime d’au moins une de ces violences. 

Parmi les autres chiffres clés extraits de ce rapport, on apprend que : : 

  • Près d’1 étudiant·e sur 10 déclare avoir été victime de violence sexuelle depuis son arrivée dans l’enseignement supérieur.
  • 14% déclarent avoir été victimes d’outrage sexiste et 29% déclarent en avoir été témoins. Les auteur·es sont dans 1/4 des cas des enseignant·es, ce qui est davantage que pour les autres formes de violences.
  • 1 étudiant·e sur 20 déclare avoir déjà été victime de harcèlement sexuel, et 1 étudiant·e sur 10 en avoir déjà été témoin.
  • Près d’1 étudiant·e sur 15 déclare avoir été victime (6%) ou témoin (7%) d’agression sexuelle depuis son arrivée dans l’établissement. Ce chiffre passe à 1 étudiant·e sur 10 en école de commerce,. 
  • 1 victime de viol sur 4 en a été victime plusieurs fois.
  • La moitié des viols rapportés ont eu lieu lors de la première année d’études des répondant·es, dont 16% durant les événements d’intégration.
  • 17% des étudiant·es ont déjà été témoins d’exhibition sexuelle.
  • 20% des étudiant·es ont déjà été témoins d’injures LGBTQIA+phobes.

Très souvent, les étudiant·es n’ont pas signalé les différents faits de violences à leur établissement. Quand on leur demande pourquoi, voici les réponses les plus courantes : 

  • Parce que cela n’aurait rien changé 
  • Parce que cela n’aurait pas été pris au sérieux ou écouté 
  • Parce que cela ne leur semblait pas suffisamment grave pour le notifier
  • Parce qu’iels ne savaient pas comment faire ou à qui s’adresser

📍 La perception des dispositifs de lutte contre les violences dans l’enseignement supérieur 

Le baromètre parle d’un climat d’insécurité dans les établissements d’enseignement supérieur. Ainsi, selon le rapport, “plus d’1 étudiant·e sur 2 ne se sent pas réellement en sécurité dans son établissement au regard des violences sexistes et sexuelles. C’est tout particulièrement le cas des femmes et des étudiant·es transgenres.”

43% des étudiant·es considèrent que leur établissement ne fait pas assez pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Les dispositifs d’accompagnement sont soit inexistants, soit méconnus des étudiant·es. Par exemple, ce rapport indique que “parmi les victimes et témoins de viol ayant fait remonter les faits à leur établissement, 1 étudiant·e sur 3 n’a reçu ni soutien psychologique ni soutien juridique et 1 étudiant·e sur 4 ne s’est pas vu proposer le déclenchement d’une procédure disciplinaire.” 

Le baromètre met également en lumière des manquements au niveau de l’indépendance des procédures. Il est indiqué que “Au lieu d’aider les victimes de viol, près de la moitié (44%) des établissements ont conditionné le déclenchement d’une enquête interne à un dépôt de plainte”. Pourtant, au regard de la loi, le dépôt de plainte n’est pas nécessaire pour justifier l’ouverture d’une enquête interne, car les procédures pénales et disciplinaires sont indépendantes. Au contraire, les établissements d’enseignement supérieur doivent assurer la sécurité des étudiant·es, conformément à l’article L.712-2 du Code de l’éducation. La circulaire n°2015-193 sur la prévention et le traitement du harcèlement sexuel dans les établissements publics d’enseignement supérieur rappelle également que les établissements doivent traiter les faits indépendamment d’une éventuelle procédure judiciaire.

L’Observatoire étudiant des violences sexistes et sexuelles rappelle la nécessité pour les établissements de déployer des politiques ambitieuses de lutte contre les VSS et propose 10 recommandations clés pour lutter efficacement contre ces violences. 

🚨 Si vous êtes (ou avez été) confronté·es à des violences dans le cadre de vos études, voici quelques ressources utiles :

💡Sources / Pour aller plus loin : 

Pour retrouver le rapport détaillé de L’Observatoire étudiant des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur : https://observatoire-vss.com/wp-content/uploads/2023/04/Rapport-detaille-Barometre-2023-des-violences-sexistes-et-sexuelles-dans-lEnseignement-superieur.pdf

Pour retrouver le dossier de presse : https://observatoire-vss.com/wp-content/uploads/2023/04/Dossier-de-presse-Barometre-2023-des-violences-sexistes-et-sexuelles-dans-lEnseignement-superieur-1.pdf

Pour retrouver le site de l’Observatoire étudiant des  violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur et toutes leurs ressources : https://observatoire-vss.com/

→ Vous souhaitez sensibiliser à la prévention des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur ? Contactez le groupe Egaé en envoyant un mail à contact@groupe-egae.fr, nous pouvons vous accompagner !