En février 2023, le Centre national de la musique (CNM) publie un “état des lieux de l a présence des femmes dans la filière musicale”. Ce baromètre a pour objectif “d’observer la place des femmes au sein de la filière musicale, tant à l’échelle artistique que technique ou administrative, que ce soit dans le spectacle vivant ou la musique enregistrée”.
📍Concernant les femmes sur scène
Le premier constat de ce baromètre est que les femmes sont beaucoup moins présentes sur scène. Sur 8500 entités artistiques diffusées sur scène en 2019, seulement 17% ont un lead “féminin” (une femme à la tête de la programmation) contre 62% de lead “masculin”. Le CNM indique s’être basé sur les données de 2019, étant donné que les données de 2020 et 2021 ont été largement impactées par la crise sanitaire.
L’état des lieux montre également que plus la jauge d’entrée des salles de concert ou de spectacle augmente, moins les artistes femmes sont programmées. Ainsi, par exemple, les zéniths n’ont que 13 % de leads “féminins”. Ce taux passe à 10 % dans les arénas et les stades. À l’inverse, les cafés-concerts accueillent davantage les leads “féminins” (27% en moyenne, selon le CNM).
Le baromètre montre également de grandes disparités en fonction de l’esthétique et du genre musical. Ainsi, on constate que les femmes sont particulièrement peu présentes dans le rap et le hip-hop (10%) ainsi que dans les musiques électroniques (11%). À l’inverse, le lead “féminin” est plus élevé dans la chanson et la variété (28%), même s’il reste très inférieur à celui des hommes (62%). La comédie musicale est l’esthétique dans laquelle se trouve le plus de lead “mixte (63%).. Le CNM explique notamment cela par le très grand nombre de performeurs et performeuses sur scène.
Dans les festivals, le constat est identique. Selon le CNM, “la part de femmes au sein de 90 festivals de musiques actuelles en 2019 (sur un panel de 5 416 personnes) est de 14 %, pour 86 % d’hommes”. Le poste et le rôle des musicien·nes jouent également un rôle important dans la présence des femmes. Par exemple, dans les festivals de musique classique, “parmi la chefferie d’orchestre par exemple, 6 % sont des femmes alors qu’elles sont 32 % parmi les musiciennes et musiciens interprètes.”
📍Les femmes dans la musique enregistrée (en studio)
“La musique enregistrée comptabilise une visibilité des femmes un peu plus importante que sur scène : 28 % de titres chantés sont interprétés par des artistes dont la voix est à tonalité dite féminine; contre plus de la moitié des titres interprétés par des artistes dont la voix est à tonalité dite masculine.”
Là aussi, en fonction de l’esthétique de musique, les chiffres sont disparates. Les voix qualifiées comme étant “masculines” sont particulièrement présentes dans le rap et le hip-hop (89%) et dans le rock-métal (76%).
Selon l’état des lieux, une majorité des artistes diffusé·es dans les médias dits traditionnels (radio et télévision) sont des hommes (60%). Sur la diffusion en ligne, 77% des streams sur les plateformes en ligne (Spotify, Apple music ou encore Deezer) sont des leads “masculins” (contre 14% pour les femmes). Le constat est le même quand on regarde la musique écoutée sur Youtube.
Le CNM rappelle que le genre musical le plus streamé aujourd’hui est le rap, c’est-à-dire l’esthétique dans lequel les femmes sont le moins présentes. “À l’inverse, les médias traditionnels qui diffusent majoritairement de la Variété-pop, comptabilisent un nombre de femmes plus important puisque la part des interprètes féminines dans cette esthétique est plus élevée que la moyenne.”
📍Les femmes dans l’emploi des filières de la musique
De manière générale, dans l’emploi des filières de la musique (édition musicale, programmation des spectacles vivants, édition phonographique), la mixité est davantage respectée (60% d’hommes, et 40% de femmes). Cependant, les chiffres varient beaucoup en fonction du secteur. Par exemple, dans le spectacle vivant public, la répartition est plus équilibrée (57% d’hommes et 43% de femmes).
Le baromètre du CNM montre que les écarts de salaires entre les femmes et les hommes s’accroissent en fonction de l’âge et l’expérience. Comme l’indique le CNM, “plus les salaires sont élevés, plus les hommes en bénéficient”.
Du côté des intermittent·es du spectacle, “Les intermittentes (artistes et techniciennes) touchent des salaires moyens, par cachet et par heure, inférieurs à ceux des intermittents pour des volumes d’activités supérieurs”.
Par ailleurs, selon le CNM, “pour les intermittentes, l’âgisme semble demeurer un frein dans le développement de carrière : si cette part a doublé la dernière décennie, en 2019, 4 % d’entre elles ont plus de 50 ans contre 10 % pour les hommes.”
💡Sources / Pour aller plus loin :
Le baromètre complet du Centre National de la Musique : https://cnm.fr/wp-content/uploads/2023/02/Etat-des-lieux-de-la-presence-des-femmes-dans-la-musique_CNM_2023.pdf