Depuis quelques jours, la BD « Fallait demander », également publiée sur Facebook par la dessinatrice et bloggeuse Emma, fait le buzz en éclairant les inégalités entre les femmes et les hommes à la lumière de la notion de « charge mentale ».
La charge mentale, késaco ?
Pour le comprendre, rien de tel qu’une petite histoire. Prenons la situation mise en scène par Emma, illustration typique de la charge mentale, et dans laquelle beaucoup d’entre nous peuvent se reconnaître. On découvre un couple avec de jeunes enfants : elle les aide à manger et cuisine en même temps, pendant que lui partage un verre avec leurs invité.e.s. Tout à coup, la casserole déborde, le dîne part en fumée. Lui : « Tu aurais dû me demander de t’aider ! ». Ce qu’il lui dit en réalité, c’est qu’il est d’accord pour prendre sa part des tâches domestiques, sous réserve qu’elle en garde la responsabilité, l’organisation et la planification. Aider, ce n’est pas partager.
Mais qu’est-ce qu’une tâche ménagère ?
En effet, une tâche ne se résume jamais à sa simple exécution. Au préalable, il y a aussi une « ingénierie » de la tâche, souvent invisible mais néanmoins prégnante. Faire les courses (efficacement !), par exemple, implique au préalable d’avoir pensé qu’il fallait faire des courses, fait l’état des stocks, planifié les repas et dressé une liste.
La charge mentale, c’est donc la prise en charge de l’ingénierie des tâches ménagères, mais aussi le fait de devoir consacrer son « temps de cerveau disponible » à ça, en permanence, pour ne passer à côté de rien.
La charge mentale repose encore aujourd’hui en grande majorité sur les femmes
Ce qu’on pouvait comprendre dans des sociétés caractérisées par une division sexuelle stricte du travail devient difficilement envisageable lorsque les femmes accèdent massivement au marché du travail. Et pourtant, au sein des couples hétérosexuels, cette responsabilité continue à être portée par les femmes, ce qui est à la fois l’héritage de nos socialisations et le point aveugle des négociations sur le partage des tâches. Car partager, cela implique que chacun.e soit également responsable de son foyer, et accepte de monter en compétences ou de baisser son niveau d’attente pour que cela fonctionne !